Projet Memento

Dans la continuité de regroupements initiés lors de la crise Covid-19 à Strasbourg, le projet Memento revêt une forme multidisciplinaire (photos, vidéos, textes, couture...) et évolutive. Vecteur de mémoire, porte parole, il est une réponse à la période que nous vivons, de façon personnelle et collective.

GENÈSE DU PROJET

1LE TEMPS DE CONFINER : Afocalypse Now, écrire avec la lumière

DAY 0 – DAY 55

Garder une trace de cet évènement sans précédent, en guise de mémoire, surtout en tirer les enseignements, pour ne pas oublier. « Les filtres utilisés en photographie permettent d’ajuster la température de couleur et de compenser l’exposition, destinée à absorber certaines radiations du spectre en laissant passer les autres. » (source : Larousse). En situation de crise, chacun•e ses filtres pour rendre la réalité plus supportable, la photographie en est un parmi d’autres.
Se mettre et savoir ses proches en sécurité. Ouverture au day 0 du confinement du groupe photo facebook Afocalypse Now, en guise de journal de bord à destination des amis, puis des amis des amis. Chaque image porte toujours un message, le groupe virtuel ainsi rassemblé est un thermomètre social polarisé. Dès la première semaine, la température monte. Entre comptage des morts, annonces gouvernementales et solitudes collectives, les associations, les initiatives individuelles et solidaires éclosent pour pallier à l’absurde étrangeté de l’évènement. Dans cette lumière contrastée véridique qui fait briller l’humanisme et marque les ombres, il est essentiel de diriger la colère et rationaliser la culpabilité. « C’est devient uniquement réel quand ça cogne » : cette nouvelle lumière est crue et brûlante pour les plus précaires, mais c’est également en elle que l’on reconnaît les siens. Au dernier jour du confinement, les contributeur.trices d’Afocalypse now ont été interrogé•es sur un mot qui représente pour elle.ux le contexte actuel et sur ce que cette période leur a apporté comme réflexion personnelle.
2LE TEMPS DE S’ORGANISER : vers le déconfinement

DAY 30 - DAY 55

Un collectif citoyen, Agissons 67, naît spontanément et prend ses quartiers dans un atelier d’artistes entre les murs de l’atelier M33, collectif d'artistes et professionnels indépendants. De sa partie émergée, le collectif fait office de groupe de ressources et informations collaboratives. De façon plus souterraine, le lieu devient une plateforme logistique et ateliers de couture, une base arrière où se fournissent les associations et collectifs en produits de première nécessité. Ces acteurs pallient à l’urgence et apportent un soutien social aux plus démuni•es, les, “ oublié•es ”, les “ hors-case ”. Premières lignes, veilleurs sociaux, artistes, restaurateur•trices, ou simples citoyen•nes, tou•te•s ces bénévoles passent par ce lieu. Ils ont ainsi été les premiers interrogés sur le choix d’un mot qui représente pour eux le contexte actuel et sur ce que cette période leur a apporté comme réflexion personnelle. Ils ont placé ce mot sur un masque - issu des chutes des ateliers couture - couvrant leurs visages. Toutes et tous avec l’engagement que ce masque ne devienne pas un bâillon.
3LE TEMPS DE REFLECHIR : Memento, ne pas oublier

DAY 55 - CE JOUR

L’urgence et la stupeur se dissipent peu à peu, laissant place aux discours de l’après, à l’invention de la suite. Comment prendre un élan sans traiter le pendant, comment ne pas interroger l’étrangeté de ce confinement, comment rêver un après si l’événement n’est pas digéré, discuté, débattu, rendu public ? La réponse du projet Mémento est d’être un passeur, d’image et de vécus, un endroit de rencontre et discussion, un catalyseur des expériences individuelles de cet événement qu’est le confinement. Pour en faire un objet commun, collectif, partagé et partageable.
4LE TEMPS DE COMPRENDRE : qu'est-ce que Memento ?

DAY 55 - CE JOUR

QU'EST-CE QUE MEMENTO ?
Projet de récolte de la parole via la photographie, Memento se veut une veille collective de la période exceptionnelle que nous vivons. Le projet est la continuité d'Afocalypse Now, journal de confinement photographique : aller à la rencontre de l’autre sans l’interface numérique, faire trace de la période d’épidémie. Le projet vise à détourner le masque pour en faire le support de la mémoire personnelle de la personne photographiée. Cette collecte d’expérience a vocation à garder la mémoire de l’événement et créer un moment de partage . Afin d’en faire un objet de discussions et de rencontres partagé et partageable, Memento se déploie en itinérance sur le territoire alsacien, en complicité avec les lieux partenaires.

MEMENTO, C’EST PARTI D’OÙ ?
Lors de cette crise sanitaire, le local d’un atelier d’artistes – à Strasbourg – a été transformé en plateforme de ressources de produits de première nécessité à destination des associations et collectifs citoyens d’aide aux plus démuni•es.Entre dons ou maraudes, dans un studio photo improvisé, il a été demandé à ces acteurs•trices de choisir un mot représentant pour eux le contexte actuel.Cette initiative a renforcé – au-delà des rencontres humaines – un vrai partage d’expérience et la conviction qu’une parole collective et intime sur le confinement était nécessaire pour que cela ne reste pas une parenthèse étrange de l’histoire commune.

MEMENTO, POURQUOI ?
Parce que nous vivons une période historique et qu’il est important d’en garder une trace sous différentes formes. Outil documentaire, nous porterons un regard différent dans un futur proche et plus lointain. Le processus de Mémento - via un mode d’expression photographique, oral et/ou écrit - permet la parole de tous et toutes. Et cela afin de mieux saisir une période qui a été vécue de manière très différente selon les contextes et environnements sociaux.
5LE TEMPS D’AGIR : continuité du projet Memento

DAY 55 – DEC 2020

Dès les premières semaines du confinement, le “monde d’après” était sur les ondes et sur les écrans, dans toutes les discussions, dans tous les médias généralistes ou d’intention. Décroissance, lumière sur les failles de notre système, sonnettes d’alarme tirées par les scientifiques depuis les années 60 : notre civilisation semblait au pied du mur et retenait sa respiration. Le déconfinement semble en quelques semaines avoir balayé les idées et belles idéologies de cet “après”, et pourtant, cette leçon apportée par cette pandémie et ces questionnements semble être incrustée comme une persistance rétinienne inconfortable dans ce retour à la “normale”. Memento, collecteur de mémoire et vecteur de paroles, proposait de répondre à la question: “qu’est ce que le confinement et la crise sanitaire a changé dans votre réflexion?”. Malgré une forme de non-dit dans ce monde de l’Après, relique balayée par les discours politiques de l’économie-à-tout-prix, ces questionnements, à différentes échelles, sont pourtant omniprésents dans les réflexions de tous les publics, de la ville à la campagne et des publics précaires aux privilégiés. La récolte des portraits se poursuit jusqu’a la fin de la crise saniraire, à l’occasion d’ateliers et en ligne via www.contribuer.projetmemento.com.
6LE TEMPS DE CONSTRUIRE : l'après

DEMAIN

La continuité du projet Memento se veut être humblement une réponse du retour au sens en créant des ponts entre ces diverses réflexions récoltées lors de ce projet et vers actions concrètes en développement ou existantes dans divers lieux prônant l’alternative: du tiers lieux, ecolieux, habitats participatifs aux écovillages, en passant par la monnaie locale ou divers Systèmes d'Échanges Locaux (SEL) En parallèle des collectes de mémoires, l’Oasis Multikulti à Mietesheim et l’Euroasis à Strasbourg, respectivement en milieu urbain et rural accompagnent un travail entamé à l’été 2020, permettant d’identifier et de cartographier les initiatives locales ou nationales ayant une expérience de longue date sur des volets spécifiques (SEL, monnaie locale, ateliers, permacultures…) et d’établir de nouveaux réseaux. Dans un deuxième temps, l’approfondissement et le partage des connaissances à travers des résidences d’une à six semaines et le prisme de formations et d’ateliers culturels seront le ciment de cette démarche. Le prisme de la photographie a pour objectif d’autonomiser les initiatives alternatives sur les questions de documentation des chantiers, la communication par la création de banques d’images autonomes, et de créer des ressources accessibles à tou.te.s. Cette phase a également pour objectifs la création du lien entre lieux alternatifs, son public et la mutualisation des ressources et des connaissances à plus long terme. Selon les résultats, l'étude d’une résidence culturelle mobile sera abordée.

MEMENTO MOBILISE


{ PHOTOGRAPHIE }


Initié par Dominique PICHARD, photographe auteur P-mod Photographies, acteur associatif et membre en gouvernance partagée du collectif M33 à Strasbourg.


{ DESIGN GRAPHIQUE }


A l’occasion d'un stage en été 2020, Axelle SIEFER crée la charte graphique et les éléments visuels pour la communication Memento.


{ DIFFUSION }


Clara DI BENEDETTO soutient la communication, la presse et la recherche de partenaires.


{ SCENOGRAPHIE ET MASQUES }


AnneK LEJEAL apporte son savoir-faire en création de masques et scénographie pour les restitutions du projet.


{ WEB }


Carole SIRLIN rejoint le projet pour le développement de sa diffusion sur le web.