Portrait Memento de Laure

{ Portrait de Laure }

Portrait réalisé lors d'un atelier avec les membres du groupe Afocalypse Now, journal de bord photos du confinement 2020.

#projetmemento #afocalypsenow #memoiredeconfinement

{ ความใจดี }

POURQUOI AI-JE CHOISI LE MOT "ความใจดี " ?

Quand la Thaïlande a fermé ses frontières en mars et que les touristes ont quitté en masse Koh Phangan, il ne restait plus que quelques milliers d'habitants, le même nombre de hippies sans nation qui ont choisi de s'enterrer en attendant que la tempête mondiale passe, et les bruits de l'océan et la jungle à toute heure du jour et de la nuit. Nous sommes arrivés alors que la pandémie commençait déjà à bouleverser la vie quotidienne en Thaïlande, qui se bat contre le Covid-19 depuis janvier. Nous devions honorer une commande de livre sur les îles du Golfe, qui a été annulée alors que nous commencions les recherches sur place. Les vols domestiques ont cessé et nous sommes restés bloqués ici. Peut-être ce qui nous aurait pu nous arriver de mieux, vivre et nager dans la nature entourée d'animaux, avec les gens d'ici, descendants de marchands, pirates et réfugiés depuis cinq siècles, au sein d'une communauté solidaire ont été de puissants Baume du Tigre pour l'âme. Quand j'ai attrapé le virus de la dengue, une flopée de personnes sont venus m'apporter leurs remèdes maison pour m'assurer que je survive au choc, loin de tout hôpital digne de ce nom. J'ai survécu, probablement grâce au jus de feuilles de papaya que les locaux pressent et offrent gratuitement à toute personne infectée.

QUELLE EST MA VISION DE LA CRISE ACTUELLE ?

Le temps et l'espace, qui manque souvent à Bangkok, m'ont aidé à digérer les angoisses d'être loin de mes proches en France et d'un futur professionnel qui s'annonce de plus en plus précaire. Je me suis remise au travail en explorant la politique locale, l'environnement sous pression et le sort des travailleurs migrants dans des endroits hyper-touristiques quand tout disparait, et j'ai enfin appris le terrifiant alphabet thaïlandais, un jour, trois lettres (y en a plus de 70...) Je serais toujours reconnaissante aux Thaïlandais.e.s pour leur attitude mesurée et responsable qui a permis de couper les chaînes de transmission locale au bout de quelques semaines, pour leur sens de l'accueil et leur générosité sans bornes. A Koh Phangan, on ne laisse personne avoir faim, quel que soit sa nationalité, alors que le pays subit une des plus graves crises économique et politique de son histoire moderne. J'ai redécouvert pourquoi j'avais choisi de vivre dans ce pays et cette culture et y suis attachée plus que jamais.

Laure

Portrait réalisé le 10 mai 2020

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